Depuis 5 ans, l’agence de communication JAWUNTAA portée par son directeur Luc VODOUHE apporte du sien dans la construction d’une nouvelle version de la femme africaine, celle qui s’assume et qui se bat, ce, à travers son émission de télé-réalité « Dis-moi qui est la plus belle ». La cinquième saison de ce concept innovant dans la sous-région ouest africaine a connu son épilogue ce 13 février 2022. Dans cet entretien, le directeur se confie sans langue de bois à Aggolo au sujet de ladite émission. Lisez plutôt.
Vous êtes connu au Bénin et dans la sous-région sous la casquette d’homme de communication alors que votre formation de base était la médecine. Que peut-on comprendre de ce basculement ?
Bonjour Aggolo. Beaucoup ne le savent pas en effet, mais dans une première vie, j’étais médecin. Puis je me suis réincarné en publicitaire. Par passion, tout simplement. Non pas que je ne fus un bon médecin, loin de là. Mais j’ai toujours été très attiré par l’art, le graphisme, la scénarisation, la mise en scène, la stratégie… Et ceci depuis ma plus tendre enfance. Ceux qui m’ont connu enfant, savent que j’utilisais mes cahiers de cours pour faire des catalogues de dessins, que je collectionnais les romans, que j’écrivais des pièces de théâtre et des nouvelles à tout bout de champ etc… Le passage de la médecine à la communication n’était donc pas un basculement en tant que tel. Je parlerais plutôt d’un « retour passionnel à mes premières amours », pour ne plus jamais les quitter… depuis une vingtaine d’années.
De l’agence KINIKINI à JAWUNTAA, qu’est-ce qui a vraiment évolué ?
KINI KINI était déjà une agence de communication de premier plan au Bénin et dans plusieurs pays de la sous-région ouest africaine. JAWUNTAA a hérité de ce positionnement mais a étendu les domaines d’activité de l’entreprise à des secteurs où on ne retrouve habituellement pas les agences conseil en communication : la production de contenus TV, la mise sur le marché de cartes bancaires JAWUNTAA, l’imprimerie, le développement de plateformes de e-commerce etc… JAWUNTAA devient ainsi une des rares agences de communication complètes d’Afrique. Un élément dominant de son espèce. D’où le nom JAWUNTAA qui définit en langues fon, mina et éwé, le mâle dominant de la tribu des lions.
Depuis 2017, le concept « Dis-moi qui est la plus belle » a vu le jour. Un bilan après les 5 ans
En 2017, nous avons voulu créer un contenu télévisuel qui ressemble aux africains, qui porte leurs valeurs, qui ouvre sans tabou des sujets de société propres à l’Afrique, qui valorise les talents africains et qui fédère le public du continent.
5 ans après, je ne suis pas peu fier du résultat. Le programme a tout de suite accroché un public africain large, de tous âges, de tous sexes et de toutes nationalités. Le programme est attendu et demandé par des fans dans le monde entier. Le regard porté sur la femme africaine a beaucoup évolué. Certaines valeurs autrefois en perdition sont de plus en plus retrouvées grâce à notre programme. Mais il reste encore beaucoup à faire, tant il y a encore de facettes de la beauté africaine à explorer, tant il y a encore de talents à révéler, tant il y a encore de sujets de société à démêler pour permettre aux africains de retrouver une boussole de développement qui soit leur, ni une pâle copie de l’occident ou de l’orient, ni un traditionalisme ringard. L’Afrique que nous participons à construire, c’est l’Afrique contemporaine, fièrement hybride, qui revendique sa culture, ses valeurs et ses traditions, mais qui se tourne résolument vers le monde, la modernité, le développement, le respect des valeurs humaines et universelles.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué sur cette saison qui a connu son épilogue le 13 février passé ?
Trois choses m’ont particulièrement marqué sur cette saison :
- La grande polyvalence des candidates pourtant très jeunes pour la plupart. Elles représentent bien la jeunesse actuelle. Scolarisée mais entrepreneuse. Toutes les candidates ont déjà un ou deux métiers, une ou deux activités génératrices de revenus. Elles n’ont pas honte de s’adonner à des activités que beaucoup regardent de haut : la coiffure, la manucure, le make up etc… Et dans la vie réelle, beaucoup de jeunes font ainsi. Nous sommes en train d’assister à une nouvelle révolution sociale. La jeunesse souvent indexée comme matérialiste et paresseuse est en train de se prendre en main. C’est une très belle leçon pour le développement du Continent.
- La richesse de l’Afrique en termes de talents. Nous avons recouru à 43 juges sur cette saison, issus de domaines et secteurs très diversifiés. Chacun a prouvé qu’il y a de la profondeur et de l’expertise sur le continent.
- Le public, encore plus nombreux cette année, malgré qu’il soit de plus en plus habitué au programme. L’excitation des premières années est peut-être retombée mais elle a laissé place à une lecture plus pointilleuse, plus profonde, un décryptage plus minutieux des leçons et messages véhiculés par le programme.
A votre avis, dans la peau d’un fan de l’émission et non du directeur, Tchakap mérite-t-elle la couronne ?
TOTALEMENT ! TCHAKAP est l’incarnation de la beauté africaine. Sans violence physique. Discrète. Mais tellement mature. A 21 ans, elle démontre un savoir-faire et un savoir être que beaucoup pourraient envier. En résumé, TCHAKAP est le parfait équilibre entre beauté physique, intellectuelle, manuelle, comportementale. En plus de ces atouts, elle porte de nombreuses valeurs et combats de l’Afrique contemporaine : la lutte contre le sectarisme qu’elle a vécu en temps réel dans son pays (La Centrafrique), le métissage africain et l’acceptation sociale des immigrés (en étant un mélange camérouno-centrafricain qui vit et étudie au Togo). TCHAKAP mérite de toute évidence son titre, mais chacune des autres candidates le méritait aussi. Au terme de cette saison, nous avons eu 12 reines, 12 facettes incroyables de la beauté africaine. Juste que leurs atouts ne sont pas tous perceptibles ou compris des juges ou du public au même titre. Mais ça aussi, c’est la vie et ça aussi c’est l’Afrique.
Quelle sera la suite pour les trois reines, en dehors des lots reçus ?
Les trois reines élues vont construire avec l’agence un ou plusieurs projets sociaux qu’elles vont mettre en œuvre au cours de leur mandat. Bien entendu elles sont déjà très sollicitées par des marques commerciales qui souhaitent utiliser leur image pour des campagnes publicitaires. L’agence JAWUNTAA va donc gérer leur image pendant toute la période du mandat, pour les aider à tirer un profit maximum de leur titre, pas seulement sur le plan financier, mais surtout sur le plan de la progression des luttes pour l’épanouissement de la femme africaine et la défense des autres valeurs africaines.
Enfin, les trois reines, tout comme les 9 autres finalistes rejoindront si elles le souhaitent, la grande famille JAWUNTAA pour créer et contribuer à l’achèvement des objectifs de l’agence, notamment la production de la saison 6 du programme et d’autres contenus télévisuels à venir.
À quand « Dis-moi qui est le plus beau » ?
DIS-MOI QUI EST LE PLUS BEAU est tellement demandé et redemandé par le public, que nous ne pouvons plus y déroger. D’ailleurs, cette version du programme s’avère indispensable pour compléter le message de valorisation de la femme africaine que nous avons commencé à construire depuis 2017. Je vous le promets, ce sera pour cette année. Quelle date précisément ? Vous serez les premiers à le savoir.
Comment avez-vous apprécié la collaboration entre votre agence et la revue Aggolo sur cette saison de l’émission ?
AGGOLO est un magazine de mode et de culture de très bonne facture, professionnel, méthodique, engagé. Nous avons pu le découvrir durant ces mois de collaboration et nous vous encourageons à poursuivre sur cette lancée. A maints égards, AGGOLO et JAWUNTAA partagent les mêmes objectifs et poursuivent les mêmes combats. Nous devrions continuer d’unir nos forces pour y arriver encore plus vite. Pour moi, AGGOLO est clairement un atout pour le Bénin et pour l’Afrique. Je salue bien bas le promoteur, M. Ousmane ALEDJI et toute son équipe, avec une mention très spéciale pour le rédacteur en chef, M. Chadrac GBEWEDO, un véritable talent africain, passionné de culture et d’écriture. MERCI AGGOLO !
Des projections sur la prochaine saison : y a-t-il déjà de grandes dates ?
Une chose est sûre : il y aura une saison 6. Et de profonds bouleversements, pour capitaliser sur les acquis des saisons précédentes et aller plus loin dans la poursuite de nos objectifs panafricanistes. Le calendrier habituel du programme pourrait donc en être légèrement modifié. Nous vous ferons la primeur des grandes décisions du staff conceptuel après ses assises de mars prochain. Promis.
CHADRAC GBEWEDO