La mode est un marqueur temporel et spatial qui dénote des rapports socioculturels homogènes ou singuliers inhérents à un groupe de population. C’est dans cette veine que nous pourrions comprendre le philosophe, et sociologue allemand Georg Simmel quand il soutient que la mode : « n'est-elle rien d'autre que l'une des nombreuses formes de vie à travers lesquelles se trouvent réunies dans une unité d'action la tendance à l'égalisation sociale d'une part et la tendance à la différenciation individuelle et à la variation d'autre part ». Vouloir souligner son appartenance à une mémorielle vestimentaire collective, et individuelle donnerait ainsi à penser sur les desseins de la naissance de la mode. Chez les Mumuila, population de langue bantoue originaire de l'Afrique australe (sud-ouest de l'Angola), la mémoire vestimentaire collective trouve dans une étoffe, un des ferments de son émanation. Nous en voulons pour preuve le Samakaka.
Le Samakaka est une étoffe typiquement angolaise qui arbore des motifs géométriques, vecteurs de communication. Ces symboles se présentent comme l’écriture visuelle du peuple Mumuila en ce sens qu’ils s’inscrivent dans une tradition culturelle vielle de plusieurs siècles. Sa portée symbolique est aussi liée à toute la nation angolaise. Loin de se limiter à une aire géographique d’une entité politique, le Samakaka en est devenu un des attributs de l’Angola. Les couleurs qui parcourent ce tissu sont résolument empruntes d’une vocation « nationaliste » : le noir, le rouge, le jaune qui représentent les couleurs du drapeau angolais.
Autrefois, le Samakaka servait de layette aux femmes le jour de leur mariage. Aujourd’hui, il fait partie des vêtements adoptés par les Angolais au quotidien. Tout en gardant une valeur culturelle importante, centrale dans les occasions sociétales telles que les mariages, les funérailles et les célébrations commémoratives en Angola, cette étoffe tend à être promue dans d’autres régions africaines.
STEVEN ADJAÏ
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